C’est une véritable démarche d’enquêteuse qu’Anaïs Lelièvre vient d’effectuer. Mais pour la jeune femme de 28 ans, c’est aussi une sorte de cheminement spirituel. « Je venais régulièrement ici lorsque j’étais petite car mes grands-parents paternels sont du Croisic. Mes racines sont ici », indique-t-elle. La marée noire, Anaïs l’a vécue à travers le petit écran et confesse avoir beaucoup de difficultés à se rendre compte de son ampleur. « J’ai pensé à mes grands-parents, c’était un choc. Mais de loin, j’ai eu une vue fantastique de ça, c’était inimaginable ! », ajoute l’étudiante.
Anaïs s’est donc lancée à la rencontre de ceux qui l’ont vécu. « J’ai fait le tour des commerces, et en rencontrant des clients, ça fait boule de neige. Les gens ont été très gentils et ils se sont intéressés. J’ai aussi demandé de la documentation à la mairie. J’ai recueilli une vingtaine de témoignages », explique-t-elle. S’ils se livrent facilement, les Croisicais ont encore quelques problèmes à mettre des mots sur leurs souvenirs. « Les gens répondent beaucoup par métaphores, par images. Pour moi, c’est bien car ils font appel à leur esprit créatif. J’essaie de faire appel à tous leurs sens », raconte Anaïs.
Ainsi, sur le plan visuel, la jeune fille a été frappée par une expression récurrente : « C’était tout noir ! » S’ils ne sont pas toujours poétiques, les Croisicais cherchent des comparaisons visuelles : « De la bouse de vache », « du chewing-gum ». Il y a les odeurs aussi, et puis cette dame qui se rappelle quelque chose de singulier : « Le silence ! Pendant une semaine, on n’a pas entendu une seule mouette. Jamais je n’avais vécu un tel silence au Croisic ». Pour elle, la marée noire reste un véritable traumatisme, encore aujourd’hui. Les professionnels de la mer sont plus pragmatiques, mais là encore, Anaïs en a tiré des enseignements : « Il y a cet aspect de la nourriture souillée ». Un autre Croisicais se souvient avoir crié : « Le Croisic est perdu ! »
Pour Anaïs, son séjour au Croisic a été révélateur pour sa démarche artistique : « C’est l’opposition du noir et du blanc. J’ai pris beaucoup de photos sur la côte avec tous ces panaches blancs d’écume. Mais je n’arrive pas encore à mettre du noir sur tout ça. En plus, c’est arrivé en période de Noël, en hiver que l’on associe à la neige ». Au fil de son « enquête », elle évolue : « Les sentiments sont mêlés car j’essaie de croiser l’histoire collective avec la mémoire individuelle, et ma propre histoire ». Elle ajoute : « Je suis venue ici avec un projet, mais je m’adapte. Au bout du compte, je ne sais pas trop à quoi va ressembler ma création ». L’artiste promet toutefois d’envoyer une photo de cette œuvre qu’elle proposera aux regards d’experts de ses maîtres.
Elle conclut l’entretien sur une réflexion plus philosophique : « La marée noire n’est plus là, mais elle est encore présente dans toutes les mémoires. Mais le noir, lui, a-t-il vraiment disparu ? »
Précision : Anaïs Lelièvre a souhaité ne pas être prise en photo au moment de l’entretien pour ne pas perturber sa démarche artistique.
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