Festival Anne de Bretagne : Est-ce que ça valait 15 000 euros ?
Ce n’est pas vraiment lecroisic-infos qui pose cette question, mais c’est bien le contenu de nombreuses conversations entendues au coin du zinc, qui a attisé notre curiosité et fait ce titre un tantinet provocateur. Car passé le charme, reste l’addition : 15000 euros de subventions, la mise à disposition de locaux, de matériels et de personnels de la commune. Le tout sans que cela ne soulève plus d’indignation que cela au sein des oppositions politiques, pourtant promptes à s’émouvoir sur les subventions accordées dans d’autres domaines culturels. Voici quelques éléments, non-exhaustifs, pour alimenter le débat .
OUI ! C’est bon pour la commune !
• Depuis 1994, le Festival Anne de Bretagne tourne chaque année sur les communes de la Loire-Atlantique : Châteaubriand, Ancenis, La Turballe, etc. Station de tourisme, revendiquant sa culture et sa tradition Bretonne, Le Croisic ne pouvait pas rester à côté d’un tel événement. Cela participe de sa renommée et assoit sa position dans sa politique touristique. Le rayonnement du festival dépasse les limites du département.
• Le festival Anne de Bretagne propose l’ensemble de ses animations en gratuité, ce qui est rare pour ce genre de manifestations. C’est de la culture populaire à portée de tous.
• Le rappel à la culture Bretonne, pour tous ceux qui sont attachés à ce patrimoine, est une bonne chose dans une région qui s’éloigne culturellement de ses racines. Les anciens retrouvent un peu de leur jeunesse, les jeunes découvrent un univers souvent inconnu. Des vocations peuvent naître…
• L’exposition sur les costumes et les coiffes est d’excellente qualité, réalisée par des spécialistes et des passionnés. Elle nous en apprend beaucoup quant à l’histoire de notre Presqu’île.
• Le festival Anne de Bretagne a permis de mettre en valeur le célèbre Croisicais, Pierre Bouguer : sa vie, ses travaux, son héritage scientifique.
• Le Cercle celtique du Croisic, Korollerien Ar Mor, a été impliqué dans le festival et a défilé, dimanche, avant de passer sur scène.
• L’afflux de milliers de spectateurs n’a pas été sans conséquences sur l’activité économique, notamment dans les hôtels, restaurants et cafés. On peut également penser que le festival, bon prétexte pour déambuler dans les charmantes rues Croisicaises ensoleillées, fera revenir dans la cité quelques-uns de ces visiteurs en d’autres occasions.
• Ce genre de festivals permet à de nombreux groupes, ensembles de danseurs, cercles, de s’exprimer et montrer leur travail. Les scènes et ce genre d’occasions ne sont pas si nombreuses, surtout dans les plus petites catégories.
• Cela lance la saison estivale au Croisic et donne le ton dans une station touristique qui a besoin de renouveler ses animations, et d’en proposer de plus en plus nombreuses.
NON ! C’est un mauvais rapport qualité-prix !
• Force est de constater que le Festival Anne de Bretagne est pour le moins… Restrictif. D’abord, on se demande encore où se trouve la place de notre chère Duchesse dans tout ça. Pas un mot, rien, mis à part son visage « marketing » sur les flyers. Aussi, de nombreux spectateurs ont été surpris que la Bretagne se résume à la Loire-Atlantique, les autres « Pays Bretons » et leurs propres folklores étaient bien absents. Une philosophie bien éloignée de celle prônée par Anne de Bretagne.
• Le cortège, bien que composé de plus d’une vingtaine de groupes, manquait singulièrement de puissance, ce qui est pourtant une caractéristique essentielle de ces manifestations. Manque : un ou deux gros bagadous, un ou deux gros cercles. Pour le Breton, le plateau fait pâle figure, malgré toute la bonne volonté et le travail remarquable des participants. A 100 lieues de n’importe quel festival organisé en Bretagne.
• Mise à part leurs noms et leurs origines sur le programme, et lors de la présentation sur les podiums, aucune information sur les groupes : que représentent leurs costumes, que disent leurs musiques, est-ce contemporain ou traditionnel ? A vous de mener l’enquête.
• Le Festival est livré « clé en main », difficile donc d’y imposer sa marque, son originalité. La mécanique est bien huilée et très peu interactive. Le public est complètement spectateur, comme derrière la vitrine d’un grand magasin.
• Samedi soir, le fest-noz est venu directement en concurrence avec la fête de la musique. Le public et les Croisicais se sont donc dispersés dans les bars où il y avait des concerts, rue de la marine, et sur la Place d’Armes.
• Enfin, les organisateurs ont fait appel à de très nombreux bénévoles, en plus de tout ce qui a été mis à leur disposition par la commune. Avec de tels moyens, on peut penser qu’une solide association culturelle locale pourrait faire aussi bien. Rappelons que le Festival Anne de Bretagne, c’est un peu « Un petit tour et puis s’en va ».