L'histoire du Croisic repose essentiellement sur son passé de port prestigieux ayant accueilli pendant sans doute plus de six cents ans les grands voiliers marchands venant de toute l'Europe.
Pourquoi ? Tout simplement à cause de la qualité de sa rade, naturellement à l'abri des tempêtes hivernales.
Dans notre département, seul Paimbeuf est venu concurrencer notre port pour les grands voiliers, vers le milieu du XVIIème siècle, Paimbeuf étant l'avant-port naturel de Nantes.
Le développement du port du Croisic a bénéficié d'une amélioration progressive des infrastructures portuaires et de son habitat. Des quais ont été construits puis les jonchères pour se protéger du clapot du Traict et enfin la jetée du Tréhic au XIXème siècle. Le port marchand s'est transformé progressivement en port de pêche extrêmement sûr pour les marins.
Et voilà que, tout d'un coup, à en croire la presse écrite, "notre commune est devenue la plus exposée de Cap Atlantique (aux risques littoraux) sur les dommages aux biens. À l'horizon 2100, environ. 1200 maisons peuvent être potentiellement concernées. À court terme, environ 500 biens immobiliers sont concernés par un risque immédiat" !... Voyez les premières expertises réalisées par le bureau
MAYANE : à une propriétaire dont le logement n'a même pas été touché par la tempête Xynthia, on lui annonce qu'elle pourrait craindre 90 cm d'eau dans son séjour mais qu'elle a beaucoup de chance car, en cas d'inondation, elle pourra être secourue par hélitreuillage !... (sic).
Désirant avec quelques amis, comprendre ce grave et soudain risque de submersion marine, nous avons décidé d'analyser toutes les tempêtes que notre port a subi dans le passé, afin de déterminer si la tempête Xynthia (la référence préfectorale) avait eu des précédents au Croisic et si le risque d'une nouvelle submersion encore plus grave que celle-ci existait réellement.
En prenant en compte les "tempêtes historiques" ayant balayées l'Ouest de la France, dans les archives météo-France, les tempêtes ayant provoquées de forts dégats en Vendée, Charente maritime et au Sud du Morbihan, nous avons construit une liste de 105 tempêtes significatives ayant touchées notre presqu'île, depuis celle du 10 novembre 1703 jusqu'à la dernière subie, la tempête ZEUS, le 6 mars 2017.
Quelques-unes de ces 105 tempêtes ont hélas fait des victimes (marins péris en mer). Toutes ont occasionné de gros dégâts dans toutes les communes du littoral : arbres déracinés, branches cassées, toitures endommagées … mais, notons-le, ceci pas plus au Croisic qu'ailleurs. Les départements du Sud-Loire, les îles de Ré et de Noirmoutier ont particulièrement souffert des assauts de l'océan. Des digues de protection ont été construites et reconstruites surtout dans la deuxième moitié du XIXème siècle, à cause d'une fréquence particulièrement forte de tempêtes.
Pour évaluer le risque de submersion marine, nous avons systématiquement déterminé pour chaque tempête, la cote de niveau astronomique atteint par la pleine mer ce jour-là, grâce aux éphémérides du SHOM disponibles sur internet pour tous les ports à n'importe quelle date passée ou future. À cette cote de pleine mer, il convient d'ajouter la surcote qui dépend des éléments météorologiques locaux. Cette surcote est la somme de trois facteurs, la pression atmosphérique au moment précis de la pleine mer, l'effet du vent tempétueux et la présence éventuelle d'une onde cyclonique de submersion. Faute de mesures précises in situ, la surcote ne peut être déterminée que par l'effet produit rapporté par des témoins.
L'étude montre clairement qu'il n'y a aucun lien entre le phénomène de marée qui est purement astronomique et le déclenchement des tempêtes qui est lui aléatoire. En effet, les mouvements de l'atmosphère terrestre sont de nature chaotique. Une infime différence dans les conditions initiales d’un système déterministe non linéaire, entraîne des résultats complètement différents. C'est pour cette raison que les phénomènes météo et climatiques ne sont pas prédictibles à long terme.
On constate que sur les 105 tempêtes répertoriées, seules six ont donné lieu, à notre connaissance, à une submersion légère des quais du Croisic :
- Le 26 février 1811 (témoignage du jardinier des Capucins)
- Le 8 janvier 1924 (le courrier de Saint-Nazaire du 12/01/1924)
- Le 14 mars 1937 (la presqu'île guérandaise du 21/03/1937)
- Le 7 août 1948 (souvenir personnel partagé avec quelques croisicais)
- Le 28 février 2010 (la fameuse tempête Xynthia)
- Le 9 février 2016 (la tempête Susanna relatée dans le Ouest-France du 11/02/2016).
D'autres parmi ces 105 tempêtes pourraient avoir occasionné de légères et douces submersions des quais au moment de la pleine mer mais l'eau s'étant retirée dans la demi-heure qui a suivi, elles sont passées totalement inaperçues. Météo-France précise aussi qu'en hiver c'est la marée du matin qui est la plus forte. À 5 heures du matin, il n'y a pas grand monde pour en témoigner. Faut-il aussi que le creux dépressionnaire ait lieu au moment de la pleine mer. L'expérience montre que la tempête
souffle aussi bien à marée basse, qu'à marée montante ou descendante, et son effet sur le sable des plages est alors totalement différent.
Notons que le Croisic n'est pas le seul port à avoir subi de petites submersions en pleine mer de grande marée, par mauvais temps. C'est même le cas général. Citons par exemple Douanenez, Port- Louis, Le Pouliguen, Le Méan à Saint-Nazaire, Pornic, Ars et la Flotte en Ré, La Rochelle et surement bien d'autres. Pourquoi vouloir ainsi inquiéter la population croisicaise et dépenser inutilement autant d'argent public (expertises et travaux) ?
D'après Météo-France, l'état actuel des connaissances ne permet pas d'affirmer que les tempêtes seront sensiblement plus nombreuses ou plus violentes en France métropolitaine au cours du XXIe siècle.
La station météo mise en place sur le site de la SEM-REV, en 2009, a enregistré sa plus forte tempête le 16 décembre 2011 (tempête Joachim) avec des vagues de 8 mètres en leurs crêtes. Rien de particulier n'a été ressenti au Croisic, car dans notre port, de par sa nature, il n'y a depuis toujours ni houle ni ressac.
Les tempêtes susceptibles de provoquer une surcote exceptionnelle sont du type SD d'après la classification des dépressions DREVETON. Elles se creusent dans le Golfe de Gascogne dans un courant de Sud-Ouest et pénètrent en France au niveau de l’embouchure de la Loire, occasionnant de gros dégâts dans leur secteur Sud donc particulièrement en Charente Maritime et en Vendée. C'est ce même chemin que prennent généralement les dépressions orageuses en été. Tout un chacun a pu constater qu'elles épargnaient le plus souvent le Croisic.
Météo-France indique que Xynthia est une tempête "atypique" née en plein coeur de l’Atlantique, près du tropique du Cancer. Cette dépression s’est intensifiée le 27/02/10 en se déplaçant de l’ile de Madère vers les côtes portugaises puis dans le golfe de Gascogne où elle a atteint le maximum de creusement (969 hPa) avant de pénétrer à l’intérieur de la France. Sa caractéristique principale n’a pas été la force du vent (classique en période hivernale) mais l’onde cyclonique d’une hauteur exceptionnelle (environ 1 m de hauteur) qui l’accompagnait à la grande surprise de tous les prévisionnistes. La dimension ultra large de la dépression a provoqué une augmentation de la surcote de submersion jamais enregistrée au nord d'une dépression (46 cm au Croisic).
En Sud-Loire, pendant quasiment 50 ans avant Xynthia, il n'a pas été constaté de vagues de submersion significatives. C'est pour cela que beaucoup de digues n'ont pas été suffisamment entretenues et que la catastrophe s'est produite. Chez nous, on peut déplorer de la même façon le manque d'entretien des digues des marais salants. Mais, au Croisic, pour son port, il n'y a ni digues ni maisons construites en dessous du niveau de la mer, donc strictement aucun risque pour les personnes.
Xynthia n'a pas eu de précédent et n'y aura probablement pas d'autre tempête semblable dans l'avenir.
En effet, pour cela il faudrait réunir à la fois, une très grande marée, une dépression très profonde juste à l'heure de la pleine mer, des vents tempétueux et une onde cyclonique venue des tropiques accompagnée d'une énorme vague de submersion. Quelle en est la probabilité ?
Qu'elle soit prise comme tempête de référence est tout de même bien normal mais il n'y a surtout rien à y ajouter. La tempête Susanna est typique de ce qui pourrait encore se produire au Croisic,
c'est à dire RIEN ou si peu !...
Le Croisic, le 21 août 2017
Christian Biaille
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