Ou comment faire cohabiter au Croisic les intérêts contradictoires des uns et des autres en période estivale. En effet, avec la saison qui s’achève, prend également fin l’opération « rues piétonnes » dans le centre historique. Il y aura de nombreux enseignements à tirer de cette première expérience, globalement positive. Avec l’installation de l’Office de Tourisme, rue du Pilori, elle a redynamisé toute une partie de la cité. Riverains, touristes, commerçants, chacun y a trouvé son compte. Mais la médaille a son revers : circulation, stationnement, accès. Avec une fréquentation en sensible hausse, rouler au Croisic, c’était un peu faire son chemin de croix. La prochaine étude de circulation initiée par la municipalité s’avère plus que jamais nécessaire.
La municipalité peut s’en féliciter : les objectifs liés à la mise en place des rues piétonnes sont atteints, peut-être même au-delà des espérances. Désertées par les voitures en journée, les rues piétonnes du centre-ville ont vu passer un flux continu de vacanciers, flânant sans avoir à prendre de précautions, profitant du charme de ces artères fleuries, s’arrêtant devant les bâtiments de caractères, sirotant un verre sur les terrasses. Une vraie ambiance d’été ! Côté animations, l’opération pourrait s’étoffer avec, par exemple, de petits concerts acoustiques, ce qui ajouterait une petite touche bucolique. Cela changerait un peu des marchés, braderies, vide-greniers et autres manifestations de ce type.
Autre satisfaction à mettre au crédit de Michèle Quellard et de son équipe, le succès du nouvel Office de Tourisme. Certes, il n’a pas pu bénéficier de tous ses aménagements pour ce premier été, mais il a comblé les vacanciers par son espace, la documentation et ses multiples services. Selon nos renseignements, la fréquentation est en augmentation par rapport à l’ancien O.T, mais cela devra être confirmé par Françoise Thobie, adjointe au maire en charge du tourisme. Ce service municipal aura lourdement contribué au succès des rues piétonnes. Les premiers échos font même état d’un possible renouveau du commerce.
Là aussi, la municipalité présentera un bilan et dressera des perspectives pour la prochaine saison. Elle devra prendre en compte une vision globale ce cru Croisicais saison 2010, qui avait parfois un peu le goût de bouchon. Le contraste entre les rues piétonnes, calmes et agréables, et les quais, par exemple, était souvent saisissant. Trouver des solutions ne sera pas simple.L'environnement Croisicais n’est pas malléable à souhait. La municipalité devra prendre les bonnes options dans le cadre du PLU et du Plan de Circulation.
Système vert, effets pervers
Car le citoyen, qu’il soit Croisicais ou vacancier, n’est pas prêt à abandonner sa voiture si facilement, surtout lorsqu’il ne trouve pas de places de stationnement aux points stratégiques. Et de se trouver parfois obligé de faire le triste constat que l’on obtient le résultat inverse que celui escompté. Ainsi, là où il faisait un petit kilomètre pour traverser le centre-ville, l’automobiliste a été contraint de faire tours et détours, augmentant très sensiblement la distance et la consommation en carburant. En moyenne, il fait trois fois le tour de la Place Dinan pour bien vérifier qu’il n’y a pas de… Places.
Dans certains endroits, c’était un peu l’anarchie circulatoire, notamment devant l’église. Piétons, cyclistes, voitures, scooters, quads, tout cela dans tous les sens, avec des conducteurs un peu perdus (pas de panneaux), alors que d’autres tentent le créneau impossible dans un trou de souris. Embarqué dans la galère, souvent surpris, l’automobiliste n’a d’autre choix que de subir. Et s’il a passé 15 minutes à faire chauffer le moteur sur le quai, il s’énerve, forcément.
Parce que dans la tendance « verte » des aménagements en ville, le piéton exerce un pouvoir absolu qui l’éloigne parfois du civisme le plus élémentaire. A ses yeux, tout devient piéton. On traverse le quai sous le nez des voitures, on reste planté au milieu de la route près de l’hôtel d’Aiguillon, on n' emprunte pas les passages piétons pour contourner les ronds-points, on trace direct ! Ajoutons au tableau les cyclistes, qui semblent avoir leur propre code de route, et tous les autres usagers : fauteuils roulants, skates, patinettes, poussettes, etc. Les uns haïssant cordialement les autres, combien de cyclistes n’ont pas été invectivés, dans les rues fermées à la circulation, car le « roi piéton » pensait y régner en seul maître.
Le PADD trace la voie
Les décisions politiques, fussent-elles bonnes, ne peuvent s’accomplir sans un minimum de civisme et de courtoisie de la part des usagers. Les citoyens, leurs exigences et leurs besoins, doivent être pris en compte également. Dans ce cadre, le Plan d’Aménagement et de Développement Durable dresse des perspectives intéressantes. Ainsi, le projet de réalisation d’un grand parking paysager à l’entrée du Croisic, avec mise en place de navettes et d’un service de location de vélos, type « vélibs », pourrait être une bonne solution. Actuellement, la mairie propose une exposition sur le PADD dans le hall de l’hôtel de ville. La circulation en est l’un des axes prioritaires. C’est évident, la situation géographique et les particularités de la Presqu’île, font que l’urbanisme de la cité ne sera pas modifié en profondeur. Les aménagements amèneront les automobilistes à une utilisation plus douce de la voiture.
Car ce que l’on peut retenir de négatif cet été, c’est qu’il est dommage de créer des « poumons verts » à un endroit, quand on frôle l’asphyxie ailleurs